FloriLettres

Deux questions à Natalie David-Weill. Propos recueillis par Nathalie Jungerman

édition avril 2025

Entretiens

Titulaire d’un doctorat de littérature fran­çaise de l’université de New York, Natalie David-Weill est l’autrice du remarqué Les mères juives ne meurent jamais (Robert Laffont, 2011), traduit en plusieurs langues, de Bon à rien (Robert Laffont, 2018) et de L’atelier d’écriture (roman Stock, 2023). Elle tient une émission littéraire sur Radio Judaïca et anime un atelier d’écriture à Bruxelles. Elle est membre du jury du Prix Sévigné depuis l'édition 2023 et secrétaire générale depuis 2024.

https://www.nataliedavidweill.com/

Discours de Anne de Lacretelle et de Nata­lie David-Weill
 


Le 15 janvier 2025, lors de la soirée de remise du prix Sévigné 2024, Anne de Lacretelle a dit dans son discours à propos de ce prix qu’elle a créé en 1996, qu'il était « voué à la disparition car la lettre est en train de mourir », qu’« elle n’est plus un système d’échange. » Qu’en pensez-vous ?

Natalie David-Weill : Le Prix Sévigné évoluera sans doute, comme la correspondance, plus vivante que jamais. Si les lettres ont tendance, en effet, à se raréfier, le nombre d’échanges épistolaires par mail et sms augmente. Il n’en reste pas moins que si l’on a quelque chose d’important à dire, la lettre manuscrite et envoyée par la Poste reste essentielle. Certains romans se sont attachés à reproduire ces échanges : Nicolas Mathieu transforme son feuilleton amoureux publié sur Instagram en récit : Le ciel ouvert (Actes Sud). Déjà en 2011, Daniel Glattauer avait tissé un roman autour de mails de deux inconnus dont les relations s’approfondissent dans Quand souffle le vent du Nord (Grasset) et bon nombre de romans l’ont suivi Histoire d’@ de Laure Manel (Poche), De S@cha à M@cha de Rachel Hausfater et Yael Hassan (Flammarion). Le Prix Sévigné a de longues années devant lui…

Vous êtes membre du jury et secrétaire générale du prix Sévigné depuis peu. Que représente pour vous ce prix ? Pourquoi selon vous faut-il continuer à s’intéresser aux correspondances aujourd’hui ?

N.D-W. : Le Prix Sévigné couronne la publication d’une correspondance inédite ou d’une réédition augmentée d’inédits apportant une connaissance nouvelle par ses annotations et ses commentaires, sans limitation d’époque, en langue française ou traduite d’une langue étrangère. Même s’il y a moins de lettres manuscrites aujourd’hui, il est indispensable de revoir, d’analyser les correspondances anciennes, à la lumière d’une lecture de l’histoire qui évolue avec le temps. Il s’agit de valoriser l’appareil critique autant que les lettres et en cela ces correspondances restent d’actualité, autant que l’histoire et la littérature.


Créé en 1996 par Anne de Lacretelle à l’occasion du tricentenaire de la mort de la marquise de Sévigné, le prix Sévigné bénéficie du soutien de la Fondation d'entreprise La Poste depuis 2006