FloriLettres

Édito octobre 2018. Par Nathalie Jungerman

Pierre Bergounioux et Jean-Paul Michel - Correspondance 1981-2017

Édito

« Un long demi-siècle n’a pu effacer les instants lumineux et brefs de nos adolescences. » Pierre Bergounioux. Gif, mardi 20 avril 2010.

En septembre 2016, Jean-Paul Michel écrivait à Pierre Bergounioux : « (...) l’idée m’est venue que le recueil de nos correspondances retrouvées, dans leur imprévisibilité et leurs discontinuités vivantes, illustrées d’images seulement documentaires, pourrait constituer une sorte de petit film, ou de bande dessinée d’un genre nouveau, qui ne serait pas sans agrément. » Aujourd’hui, ces correspondances – lettres, cartes postales et courriels -, écrites entre 1981 et 2017 sont rassemblées en un volume publié aux éditions Verdier avec une préface de Pierre Bergounioux, des fac-similés et des photographies. Une amitié de plus de cinquante ans, qu’aucun revers n’a entamé, les unit depuis leur rencontre en Terminale au lycée de Brive. Ils sont nés tous les deux en Corrèze, Jean-Paul Michel en 1948, Pierre Bergounioux en 1949. Le premier est poète (de 1975 à 1992 sous le nom de plume de Jean-Michel Michelena) dont les poèmes et les Écrits sur la poésie sont réunis en quatre volumes chez Flammarion. Il est aussi critique d’art, essayiste, et fondateur des éditions William Blake & Co., lesquelles ont publié Yves Bonnefoy, Louis-René Des Forêts, Jacques Dupin, Hölderlin, des Entretiens de Pierre Bergounioux, la Correspondance générale 1774-1824 de Joseph Joubert, des Lettres de Delacroix... Le second a enseigné le français pendant des années, il est l’auteur de nombreux livres dont Le matin des origines, Le grand Sylvain, Une chambre en Hollande et trente-cinq années de Carnets de notes édités chez Verdier (en quatre tomes), qui exposent le quotidien, vécu, éprouvé, sans analyse ni jugement, sans hiérarchie entre les événements, les faits. À la lecture des Carnets de son ami, Jean-Paul Michel, dans une lettre, lui dira être « saisi par ce sentiment continu d’immédiateté et de transparence ». Ce qui est raconté redonne des souvenirs à chacun, devient la chose de tous : « Tes lecteurs te savent gré du miroir que tu leur tends ». Pierre Bergounioux, écrivain, est aussi sculpteur qui privilégie le fer « parce qu’il est le roi des métaux »... À lire, cette correspondance qui témoigne de leur admiration réciproque, de leur fraternité intellectuelle, de leur passion commune pour la littérature, de leur enfance en Corrèze, « âpre et ingrate région natale », de leur parcours de vie...

NATHALIE JUNGERMAN