FloriLettres

Édito novembre 2021. Par Nathalie Jungerman

Flaubert et « Salammbô », du roman culte à l’exposition

Édito

« Je suis en plein dans une bataille d’éléphants & je te prie de croire que je tue les hommes comme des mouches. Je verse le sang à flots. », écrit Flaubert à Ernest Feydeau, en septembre 1859, à propos de la rédaction de son deuxième roman, Salammbô, qui paraîtra en 1862.
« Salammbô. Fureur ! Passion ! Éléphants ! », tel est le titre, éloquent, de l’exposition portée par la RMM (Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie) et le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), avec le concours de l’Institut national du patrimoine de Tunisie.
Organisée dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Flaubert (1821-1880), elle est aujourd’hui à Marseille, jusqu’au 7 février 2022, après avoir été présentée ces derniers mois à Rouen, par le musée des Beaux-Arts. Sylvain Amic (directeur de la RMM) et Myriame Morel-Deledalle (conservateur en chef, Mucem) en sont les commissaires. L’exposition réunit près de trois-cent-cinquante œuvres de collections publiques et privées qui convoquent la littérature, la peinture, la sculpture, la musique, le cinéma, la bande dessinée (avec l’adaptation de Salammbô par Philippe Druillet dans les années 1980) et des trésors archéologiques de l’époque punique des musées du Bardo et de Carthage. Le catalogue, très bel ouvrage richement illustré dont les commentaires sont passionnants, coédité par Gallimard et le Mucem, avec le soutien de la Fondation La Poste, reprend les différentes séquences de l’exposition. De magnifiques reproductions en couleur y figurent ainsi que des fac-similés de lettres, des pages du manuscrit de Flaubert et de ses carnets tenus lors de son voyage à Carthage. Salammbô, devenu un patrimoine culturel qui réunit les deux rives de la Méditerranée, a inspiré nombre d’artistes. L’exposition révèle la portée considérable de cette œuvre romanesque et aussi la confusion entre fiction et vérité historique. Des photographies de Douraïd Souissi, qui montrent l’appropriation du nom de l’héroïne dans l’espace urbain, les collages de Yesmine Ben Khelil et les textes des écrivains tunisiens recueillis pour le catalogue témoignent de cet héritage. Notre dossier comprend un entretien avec Sylvain Amic, commissaire général, des extraits de lettres de Flaubert et un article sur Salammbô.