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Le Prix Envoyé par La Poste 2015

Philippe Wahl, Président Directeur Général du Groupe La Poste et Président de la Fondation d'entreprise La Poste a remis ce jour le Prix littéraire « Envoyé par La Poste » à Alexandre Seurat pour son livre La Maladroite publié aux éditions du Rouergue. La remise du prix s'est déroulée au Centre National du Livre, en présence de son Président, Vincent Monadé.

Sept ouvrages, présentés au jury présidé par Olivier Poivre d'Arvor, étaient en lice pour remporter la première édition de ce prix littéraire.

Les sept ouvrages sélectionnés pour ce prix :

  1. Laurent Carpentier, Les bannis. Éditions Stock
  2. Nathalie Côte, Le renversement des pôles. Éditions Flammarion
  3. Catherine Dousteyssier-Khoze, La logique de l'amanite. Éditions Grasset
  4. Astrid Manfredi, La petite barbare. Éditions Belfond
  5. Antoine Mouton, Le Metteur en Scène Polonais. Christian Bourgois éditeur
  6. Jean-François Pigeat, À l'enseigne du cœur épris. Éditions Le Dilettante
  7. Alexandre Seurat, La maladroite. Éditions du Rouergue

Les membres du jury :

  • Olivier Poivre d'Arvor, Écrivain, Président du jury
  • Dominique Blanchecotte, Déléguée générale du la Fondation d'entreprise La Poste
  • Serge Joncour, Écrivain
  • Marie Lloberes, Directrice générale exécutive du Courrier du Groupe La Poste
  • Christophe Ono-dit-Biot, Écrivain, Directeur adjoint de la rédaction du Point
  • Sandrine Treiner, Écrivaine, Directrice de France Culture

Créé par la Fondation d'entreprise La Poste, le prix « Envoyé par La Poste » récompense un manuscrit (roman ou récit) adressé par courrier, sans recommandation particulière, à un éditeur qui décèle, avec son comité de lecture, un talent d'écriture et qui décide de le publier.

Le lauréat recevra 2500 €, son livre sera recommandé notamment auprès des 500 000 postiers actifs et retraités et La Poste passera commande de 600 exemplaires à l'éditeur.

La Fondation d'entreprise La Poste a pour objectif de soutenir l'expression écrite. Elle est le mécène de l'écriture épistolaire, de l'écriture pour tous et des écritures novatrices et milite en faveur d'une écriture médiatrice de la solidarité au bénéfice de ceux qui sont exclus de la pratique, de la maîtrise et du plaisir de l'expression écrite.

Le Prix « Envoyé par La Poste » s'inscrit dans une logique de soutien que la Fondation apporte à la création littéraire depuis 20 ans : partenaire du Prix Wepler, du Prix Sévigné et du Prix Clara, elle devient aujourd'hui la créatrice d'un nouvel événement qui ouvrira chaque année la saison des prix littéraires.


Alexandre Seurat est né en 1979. Professeur de lettres à Angers, il a soutenu en 2010 une thèse de littérature générale et comparée.

Alexandre Seurat, la Maladroite. « On est partis papa, maman et moi un soir. Papa a garé la voiture sur le parking du McDonald's, et on est allés tous les trois acheter des repas, et même un pour elle. Ils m'avaient tout fait répéter, je savais parfaitement ce que je devais dire, Un jean, des ballerines à pétales de fleurs noires et un tee-shirt rose, et c'est ce que j'ai dit, après. Donc, en arrivant à la voiture on a fait semblant qu'elle aurait dû être là, et qu'elle avait disparu pendant qu'on était à l'intérieur, et maman qui pleurait vraiment (...) p. 113 ». C'est l'histoire d'une petite fille de huit ans (inspirée d'un fait-divers réel) disparue, morte sous les coups de ses parents... C'est la vie par fragments d'une fillette maltraitée depuis sa naissance, et que personne n'a pu sauver ; alors qu'un avis de recherche est lancé après sa disparition, son ancienne institutrice est persuadée qu'elle n'a pas été enlevée, mais assassinée par ses propres parents. « Quand j'ai vu l'avis de recherche, j'ai su qu'il était trop tard ». C'est la première phrase de la maladroite ; un texte original dans sa forme comme impérieuse ; titre sans majuscule, roman à plusieurs voix qui donne la parole à ceux qui l'entouraient, la fréquentaient; l'institutrice, les médecins, les gendarmes, l'assistante sociale, la directrice, la grand-mère, la tante, le frère aîné ; un prologue, un épilogue, comme au théâtre... Autant de monologues, les uns aux autres en résonance, qui viennent raconter chacun dans sa langue, dans sa proximité avec elle, la petite fille jamais désirée, abîmée dans sa chair, stoïque et endurante, qui n'a rien à dire, même à ceux qui veulent l'aider, tant elle reste fidèle à ses bourreaux. Un beau texte, écrit dans une langue aussi dense qu'elle se veut sobre, pour mieux dire la violence ou l'horreur, et pour lequel son auteur, Professeur de lettres à Angers, vient de remporter ce nouveau prix littéraire récompensant une première œuvre directement envoyée aux éditeurs par voie postale. Éd. du Rouergue, 122 p., 13,80 €. Corinne Amar