FloriLettres

Édito novembre 2016. Par Nathalie Jungerman

Sad Paradise

Édito

Publié par les éditions Locus Solus avec le soutien de la Fondation La Poste, Sad paradise, La dernière route de Jack Kerouac est un bel ouvrage imaginé par le photographe René Tanguy dont les livres, L’Étranger provisoire, Le Chemin de cécité s’inscrivent dans une réflexion sur la mémoire, l’identité, le déracinement, interrogent sa propre histoire.
Dans Sad paradise – le titre est choisi en référence au poème éponyme offert par Allen Ginsberg à Jack Kerouac et Neal Cassady avant qu’ils ne partent « sur la route » –, René Tanguy questionne une autre histoire, celle d’une amitié, méconnue, qui a réuni le poète breton Youenn Gwernig, exilé à New York de 1957 à 1969, et l’écrivain américain initiateur de la Beat generation. Une correspondance inédite témoigne de cette relation intense entamée en 1966, rompue trois ans plus tard par la mort de Kerouac. Elle parle d’art, de littérature, d’alcool, de virées dans les bars, de quête généalogique. Elle a pour sujet récurrent la Bretagne, le pays d’origine de Gwernig et de la famille Kerouac... René Tanguy s’est laissé ravir par l’écriture de ces lettres où pointent la détresse et l’humour, où l’espoir ne cesse de s’enflammer. Pendant plusieurs années, il est parti à la recherche de traces, d’empreintes, de preuves à photographier, parcourant le Canada, les États-Unis, la Bretagne, guidé par les épistoliers, par leur présence et leur absence. Il en ressort un dialogue réflexif entre textes et images, un regard sensible à la fois documentaire et poétique. Le livre est introduit par Jean-Luc Germain et les lettres sont traduites (de l’anglais, du joual et du breton) par Annaig Baillard, fille et ayant-droit de Youenn Gwernig.
Conversation avec René Tanguy dont le travail photographique s’inspire de l’œuvre de Robert Frank.