FloriLettres

Édito mai 2022. Par Nathalie Jungerman

Un long courrier indochinois

Édito

L’ouvrage Un long courrier indochinois, publié aux éditions Elytis avec le soutien de la Fondation La Poste, rassemble des lettres écrites entre 1948 et 1976 retrouvées par Alexandra Dauplay-Langlois, fille et petite-fille des deux principaux épistoliers : Serge et Jean Dauplay. Leur correspondance, entretenue régulièrement pendant une trentaine d’années, représente la plus grande partie du livre. D’autres courriers épars, échangés avec des membres de la famille ou quelques amis, participent au récit de cette histoire familiale bouleversée par les expatriations forcées dues aux guerres : invasion du Vietnam par les Japonais, guerre d’Indochine, guerre du Vietnam. La famille Dauplay part de Saïgon en 1947 pour s’installer en France, à Nice, puis revient à Saïgon, mais après la défaite de la France lors de la bataille de Diên Biên Phu, elle se réfugie au Laos. En 1953, elle émigre en Thaïlande, plus favorable d’un point de vue politique et économique. Les enfants Dauplay, vietnamiens par leur mère et franco-laotiens par leur père, vivront dispersés aux quatre coins du monde, à Hong Kong, en France (seul Serge, le père d’Alexandra Dauplay-Langlois, s’y installera, mais il finira sa vie en Thaïlande) ou encore au Canada. Leur mère et leur grand-mère maternelle, en Californie… Le sous-titre du livre, Toute une vie de voyage, évoque bien la teneur de ce récit épistolaire, agrémenté de photographies et ponctué de textes d’Alexandra Dauplay-Langlois adressés à son père, comme des lettres posthumes. En préambule à l’édition, l’auteure cite notamment l’écrivaine et réalisatrice d’origine iranienne, Abnousse Shalmani : « C’est quelque chose l’exil : une claque qui vous déstabilise à jamais. C’est l’impossibilité de tenir sur ses deux pieds, il y en a toujours un qui se dérobe comme s’il continuait de vivre au rythme du pays perdu. »
Entretien avec Alexandra Dauplay-Langlois, issue de la deuxième génération d’exilés indochinois…