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François Truffaut • Correspondance avec les écrivains (1948-1984)

François Truffaut Correspondance avec les écrivains (1948-1984), Éditions Gallimard, mars 2022

Édition établie et commentée par Bernard Bastide, Docteur en études cinématographiques et audiovisuelles de l’Université
Paris 3-Sorbonne Nouvelle, enseignant chercheur en histoire et esthétique du cinéma.

À travers cette Correspondance avec les écrivains — sillon littéraire privilégié parmi les milliers de lettres contenues dans le Fonds François Truffaut de la Cinémathèque française  « c’est un Truffaut construisant peu à peu sa personnalité, se forgeant une esthétique à coup d’éclats et de remises en question que l’on découvre, mais aussi les lignes de fuite, les zones d’ombre d’un artiste auquel le temps va cruellement manquer. Avec le culot désarmant des ambitieux et la réserve des autodidactes, il s’attache surtout à se réinventer une famille de cœur avec les écrivains qu’il admire, pour pallier les carences de sa famille de sang et se donner les clés du monde de la culture et de la création. »

Dans ce recueil se dessinent quatre grandes lignées :

- Les « pères fondateurs » : Genet, un frère en rébellion, né comme lui de père inconnu, Cocteau et Audiberti. Trio auquel il convient d’associer Louise de Vilmorin — avec qui Truffaut noue une affection jalonnée de touchantes maladresses accusant leurs différences d’âge et de classe.

- Les écrivains adaptés par Truffaut — Maurice Pons (Les Mistons), David Goodis (Tirez sur le pianiste), Ray Bradbury (Fahrenheit 451), Jean Hugo, l’arrière-petit-fils du poète pour L’Histoire d’Adèle H, Henri Pierre Roché (Jules et Jim, Les Deux Anglaises et le Continent)… — ou sollicités comme adaptateurs : Henry Miller, Milan Kundera et surtout René-Jean Clot.

- Les écrivains célèbres (Simenon, Sartre, Gary, Klossowski ou Duras), dont les échanges relèvent souvent de l’exercice d’admiration, voire des politesses d’usage, et ces auteurs renommés dans le paysage éditorial français, tel Marcel Duhamel, dont la correspondance met en lumière le goût de Truffaut pour la littérature policière.

- Les correspondants dont Truffaut inspire les premiers pas en littérature : tels Serge Rezvani, qui lui doit aussi le succès de sa chanson Le Tourbillon dans Jules et Jim, ou Bernard Gheur, ce jeune cinéphile liégeois qu’il encourage et introduit dans le monde de l’édition.

Toute sa vie, François Truffaut aura aimé ensemble les livres et les films. À défaut d’avoir embrassé lui-même une carrière littéraire, il s’est appliqué à multiplier à l’écran les références à la littérature et à l’écriture, à leur laisser même une place centrale dans la vie de ses personnage, à adapter des livres aimés et méconnus pour les mettre en lumière...

C’est à son ami Jean Mambrino, le père jésuite rencontré en 1954 dans le sillage d’André Bazin, que Truffaut adresse un dernier petit mot, quelques mois avant sa mort : « Bonne année 1984, mon cher Jean. Je remonte la pente, je lis vos poèmes, ils m’aident et vos signes d’amitié me touchent beaucoup, affectueusement vôtre, François. »

 

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